Méthode BRIGHTNESS : pour que vos talks restent dans les mémoires
Maxime Thoonsen7 min read
Il y a quelques mois, je suis tombé par hasard sur une vidéo du site ted.com et j’ai tout de suite accroché. Pour ceux qui ne connaissent pas, les conférences TED sont une suite de talks d’une dizaine de minutes sur pleins de sujets différents.Je suis allé sur le site et j’ai alors commencé à enchaîner les vidéos. Je me suis alors fait la promesse de ne plus regarder de séries mais des vidéos TED afin de me coucher un peu moins bête tous les soirs.
Aujourd’hui, je continue d’en regarder fréquement même si Game of Thrones a eu raison de ma promesse. C’est pourquoi quand mon collègue Jonathan m’a parlé du livre dont je vais vous faire le résumé, j’ai tout de suite sauté sur l’occasion. Il s’agit de “Révélez le speaker qui est en vous” de Michel Lévy-Provençal dont je recommande fortement la lecture si vous voulez vous exprimer en public lors d’une conférence ou d’un talk.
Michel Lévy-Provençal s’occupe de TEDxParis et il utilise sa méthode BRIGHTNESS pour coacher les talkers.
Vision générale du talk
Il faut tout d’abord trouver le message que vous voulez transmettre à votre public.
Le message doit être adapté au public et doit pouvoir se résumer très facilement, sous forme d’un tweet par exemple. La règle importante à retenir est : “Un talk, un message”. Ensuite il faut se demander :
“Que voulez-vous transmettre ? Est-ce une information clé ? Un call to action pour inviter les gens à se sentir concerné?
Le partage d’une vision, d’une expertise, la conclusion d’une expérience vécue ?”
L’envie de transmettre est importante, si vous l’avez durant le talk cela se ressentira.
Il faut éviter de faire de la pub pour un produit mais plutôt expliquer pourquoi il répond à un problème qui concerne beaucoup de gens.
Sur ce point, je vous conseille personnellement ce talk “How great leaders inspire action”
Puis, il faut déterminer à quel type de public on s’adresse :
- À quel point pouvez-vous être familier ? Est-ce qu’on s’adresse à des militaires retraités ou à de jeunes étudiants ?
- Quel est le niveau de connaissance du public sur le sujet ? Collègues du CNRS ou grand public ? Cela va avoir un impact important sur le vocabulaire que l’on va pouvoir employer. Attention au jargon pour certains publics.
Structure du talk
L’introduction
L’introduction doit rentrer directement dans le vif du sujet, il ne faut pas perdre de temps. L’auteur conseille donc de ne pas faire de présentation, ni de remerciement, quitte à passer pour un malpoli. Vous pourrez toujours les faire en dehors du talk.
Il faut savoir saisir l’attention dès les premiers instants avec au choix :
- un fait marquant : ”Savez-vous que le dernier iPhone est livré avec un téléphone Android de secours ?”
- une anecdote personnelle : “J’ai commencé à coder avec visual basic à 10 ans”
- une citation : “ça marche en local, je ne vois vraiment pas ce qui peut tourner mal” – Un dev Windows Millenium
- une statistique : “L’appli est stable, les tests passent 4 fois sur 5”
- une question : “Qui dans cette salle utilise encore IE6 ?”
Avec ceci avec comme sentiment recherché :
- l’occasion d’apprendre quelque chose
- susciter l’étonnement
- un éclat de rire
- un sentiment d’empathie à notre égard
Cela aura pour effet de vous rendre plus proche de votre public et d’attirer son attention pour la suite du talk. Ces premières secondes sont à la fois très importantes et très stressantes : c’est le starter. C’est la partie du talk où on doit absolument tout savoir par coeur.
Une fois l’attention obtenue, il faut poser les bases du talk et introduire le problème à résoudre, la question à laquelle il faut répondre. Il est important que le public puisse s’identifier au problème afin d’embarquer avec vous dans ce bref voyage qu’est le talk.
Le squelette du talk
Pour structurer le talk, l’auteur propose de le voir comme le passage d’une berge à une autre.
”Il faut poser de grosses pierres, des points de passages au milieu de la rivière pour pouvoir passer.”
Notre travail étant de trouver ces pierres pour le talk. Il propose 7 points de passages mais ce chiffre peut évoluer selon la longueur du talk.
Ces points de passages peuvent être :
- une image
- une anecdote
- une phrase
- un mot-clé
Ils doivent être précis et clairement définis et nous permettre de bien nous repérer dans le talk.
Pour le contenu, s’armer de phrases percutantes le long de ces points de passage est d’une grande utilité. N’hésitez pas à faire des analogies comme “une hydrolienne est grande comme un immeuble de 7 étages”. Essayer d’utiliser des mottoes, ces petites phrases qui se retiendront bien comme “Stay foolish, stay hungry”. Pensez à prendre des exemples que le public pourra appréhender et si vous pouvez faire passer vos idées avec de l’émotion et/ou de l’humour c’est le top.
La conclusion
Au moins aussi importante que l’introduction, la conclusion permet de délivrer le message que l’on veut transmettre. Elle doit rester simple, n’oubliez pas : “Un talk, un message”. Plus vous ajoutez de choses à la conclusion plus elles perdent en importance. Pensez à faire une ouverture sur un problème plus large pour inspirer le public. La dernière phrase, le cut-off, est aussi décisive que le starter et doit être travaillée avec la même intensité. Cela peut être une action avec le public, la révélation d’un résultat final, une phrase choc, un appel à l’action, une blague, une réflexion philosophique…
L’illustration
L’illustration d’un talk ne comporte pas obligatoirement de slide, cela peut être d’autres supports comme la vidéo, de l’infographie, des objets sur la scène ou même rien du tout.
Il faut garder en tête que l’illustration est un support et que le point de départ est avant tout votre discours : “la star doit rester l’intervenant, pas le slide !”.
À propos des slides, il faut “distinguer deux supports : le slide destiné à être lu (écrit, imprimé, donné à lire au client) et le slide destiné à être vu sur un écran derrière vous lors d’une présentation”. Le premier type sera un slide-document ou slidument, riche en informations et en complexité. Le deuxième type devra être son opposé : peu de contenu et appréhendable en quelques secondes. Si une de vos slides est trop complexe, découpez-la en plusieurs moins complexes. Vous pouvez préparer les deux types si vous voulez laisser une trace écrite par la suite.
Pour la forme il faut rester simple. Utiliser le moins que possible les “bullet points” est une règle qui commence à être bien connue. À la place, utilisez des images ou des pictogrammes qui permettront de rendre la présentation plus ludique et plus jolie. Deux couleurs par slide en privilégiant les fonds sombres. Les caractères avec serif pour les textes écrits en petit et sans serif pour les textes écrits en gros comme les titres. Pour les polices il est également conseillé d’en utiliser maximum deux différentes. Pour présenter de la data, inspirez-vous des dernières méthodes à la mode dans la data visualization.
La répétition de votre talk est incontournable surtout pour les parties les plus importantes comme l’introduction et la conclusion. Elle ne permet pas seulement de se souvenir du texte et de prendre de la confiance mais elle permet également de l’améliorer à chaque fois. Pensez à vous enregistrer avec votre téléphone pour pouvoir vous écouter. Une vraie répétition doit se faire devant au moins une autre personne. Vous devez pouvoir incarner votre talk et de ce fait pensez aux acteurs qui répètent plusieurs fois leur pièce. Il est important d’arriver avec l’envie et le plaisir de transmettre le message.
Pour les mouvements, une règle simple : soit vous parlez, soit vous bougez, car contrairement à une idée reçue, marcher quand on parle ne donne pas plus de présence mais au contraire affaiblit la puissance de votre discours.
Je vous conseille pour finir cet excellent talk “How to speak so that people want to listen”.